Programme Interdisciplinaire d'Etudes Catholiques

Samedi 15 mars 2003 La Liberté p. 12 Par Patrice Favre

Le Christ romantique est un grand émotif

UNIVERSITE - Un cycle de conférences s'intéresse au Christ dans la littérature, l'art et la musique romantique.

Balzac, Berlioz et Delacroix étaient de grands romantiques. Romancier, musicien et peintre, tous trois ont été inspirés par la personne de Jésus, qu'ils abordaient avec une sensibilité à la fois éloignée de la génération qui précédait et proche de la nôtre. « Mai 68 a été une explosion romantique, à l'image des révolutions de 1830 et 1848. Les romantiques aussi ne se supportaient pas en petits bourgeois et s'attaquaient aux pouvoirs constitués », dit Guy Bedouelle, professeur d'histoire de l'Eglise à l'Université et initiateur d'un cycle de conférences sur « le Christ romantique ».

Pour Bedouelle, le romantisme est un moment clé du processus de séparation entre le Christ et son Eglise. L'un est magnifié, l'autre est refusée et ridiculisée, et ce divorce a continué jusqu'à aujourd'hui. Balzac a de belles figures de prêtres et une méfiance de fond à l'égard de l'Eglise. Plus tard, Nietzsche dira son émotion face au destin du Christ - au point designer « Le Crucifié », sans ironie aucune - et sa haine des chrétiens.

En six séances, ouverts au public, seront abordées différentes facettes de ce Christ romantique « Le contexte particulier du XIXe et un éclatement sur un fond de chrétienté. La question religieuse ne fisse pas indifférent, la figure du Christ est très présente, mais chacun fa essayer de la tirer à lui, pour faire dire au Christ ce qu'il pense lui-même », poursuit Bedouelle.

Un athlète de la charité

La dominante est émotionnelle : le Christ cher aux romantiques déborde d'amour et de compassion. C'est un athlète de la charité, pas un sauveur. Le sentiment passe avant la théologie : « La question du salut, et du salut par la grâce, donc du rôle de l'Eglise, me semble absente des visions romantiques, alors que c'était la grande question de Luther, et des jansénistes au XVIIe siècle. Elle reviendra à la fin du siècle, avec Thérèse de l'Enfant-Jésus, Léon Bloy et Bernanos. Elle me semble à nouveau moins présente aujourd'hui. » Ce cycle de conférences est organisé par le Centre interdisciplinaire d'Etudes catholiques (en abrégé, « catholic studies »), soutenu par le rectorat et le Conseil de l'Université et animé par le professeur Francis Python et MM. Joël Gapany et Bernard Schumacher. Deux autres cycles sont prévus, un sur les catholiques et la politique (en avril) et un autre sur « Dignité humaine et handicap », dès le 20 mars.

PF

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